Us & coutumes

Sa démarche semble paradoxalement désintéressée et intéressée à la fois : Il ne goûte que peu l'exotisme aride des lieux qu'il fréquente, et n'amasse pas de réelle fortune, comme il aurait pu le faire peut être en reprenant place dans le cercle des littérateurs, ou plus sûrement en montant un petit commerce dans ses Ardennes natales... D'ailleurs, dès que des économies furent possibles il les investit pour le bénéfice de sa mère et ne s'en préoccupa pas davantage.

La richesse l'encombre, surtout lorsqu'il s'agit de kilos d'or dissimulés dans sa ceinture, rendant ses déplacements très pénibles...

Et toujours cette démarche motivée par l'intéressement, la curiosité, ou plutôt une soif de connaître et le goût insatiable des contacts humains (exceptés superficiels, si possible : avec lui c'est tout ou rien).

Il épousa une femme abyssine, fréquenta l'explorateur Jules Borelli, et Monseigneur Jarosseau, (futur précepteur de Haïlé Selassié Ier), ainsi que de nombreux interlocuteurs de langues diverses, pour ses activités multiples. Ses seuls écrits de cette époque sont des lettres, des comptes rendus illustrés, dont un publié par la Société de Géographie ("Rapport sur l'Ogadine" en 1884) et un autre à propos de Ménélik dans une publication égyptienne ("Le Bosphore Egyptien" des 25 & 27 Août 1887).

(Sobriété et efficacité. cf. "Just gimme the Truth" comme rugissait John Lennon à la presse).

 

Mais finalement même au travers de la poésie, Arthur Rimbaud n'avait-il pas la vocation d'explorateur...

Déjà en dilettante ; puisque la seule étude valable à ses yeux de poète était la connaissance de soi. Il poursuivra donc dans la recherche du Vrai (et non pas de la Beauté, comme on pourrait le croire d'un poète).

"J'ai assis la Beauté sur mes genoux.- Et je l'ai trouvée amère.- Et je l'ai injuriée" : (au début de "Une Saison en Enfer")

_ "Il me sera loisible de posséder la vérité dans une âme et un corps" (à la fin de "Une Saison en Enfer")

"Maintenant je puis dire que l'art est une sottise" (écrit à chaud dans le brouillon de son "Livre Païen" ou "Livre Nègre", projet datant de bien avant son départ, et jamais publié puisque jamais achevé...)

(N.B. C'est peut être pour ça que l'on a inventé depuis le 7ème art (avec le cinéma), le 8ème (la photo), et le 9ème (la B.D. ou "les illustrés"), et puis enfin le 10ème art (le vidéo-art, alias multimédia).

L'Art pour pallier la vanité écrasante du rançonnage technologique ? Mais l'Art a été kidnappé par des affairistes, pour le plus grand bonheur de nouvelles élites, des receleurs (les artistes en tête) autorisés à exercer leur influence.

Il y a eu aussi le risque mal calculé de quelque chose de technocratiquement artificiel, (f)rigide, dans cette appropriation du savoir-faire (un peu comme depuis l'époque où l'on a commencé à écrire la musique, parallèlement, puis presque à la place de la tradition ("orale"). Ou ce grand écart entre le Vidal et les imprécations shamaniques ...)

Or Rimbaud n'aime pas les jeux de dupes.

Folklore :(_Vu à la télé) : : Un homme, en Afrique du Nord, qui peint sur demande (contre un bon repas) l'intérieur des maisons alentour. Il dit"Je ne suis pas un artiste : je peins comme je ferais de la poésie", c'est-à-dire comme tout le monde, à ses yeux, par moment. Pratiques à respecter, humilité à méditer ...

À propos, il faut remarquer qu'Arthur ne pratiqua pas l'esclavage, us somme toute presque banals à l'époque, et donc encore fréquents.

On rapporte qu'il possédait une grande connaissance de la flore locale et cette érudition lui donnait de précieuses indications concernant l'altitude et la situation du lieu ... On constate que contrairement aux autres blancs qui bivouaquaient près du "centre ville", Arthur logeait"chez l'habitant" ... On sait qu'il se fit livrer de très nombreux ouvrages scientifiques (malgré le fait que les livres pèsent lourd) souvent coûteux, et difficiles à trouver pour sa famille ou ses amis ...

(Etait-ce pour pouvoir les revendre, comme il le fit à l'époque du collège, en période de disette ?)

On voit par ses lectures qu'il s'intéressait à l'astronomie, l'agronomie, l'ethnographie etc. Toutes sortes de sciences connexes à la littérature, et constituantes de sa culture ... Manifestement, durant cette période, il se voulut savant plutôt que voyant.

Il se vit sachant ; alors il vécut sachant.

 

 

  On oublie aussi de dire qu'Arthur Rimbaud s'adonna là-bas à l'art de la photographie (mise au point juste quinze ans avant sa naissance), cela avec ce qui se faisait de mieux comme appareil à l'époque (encore un gros colis, convoyé jusqu'au bout du monde ...).

 Mais que reste-t-il exactement de ses clichés ? On n'en sait rien ...

(Très peu subsistent, dont quelques autoportraits qui ont mal vieilli (comme le bonhomme qu'ils représentent, qui semble assez marqué ...) Ils montrent l'intérêt qu'Arthur portait sur les gens).

 

"Culture, quand tu nous tiens ..."

Quoi qu'il en soit, les parallèles de la trajectoire météorite rimbaldienne avec les mouvements culturels essentiels de notre siècle, sont plus nombreux qu'on ne le croit.

Par exemple, dans cette mouvance spiritualo-culturelle que constitue le Rastafarisme, signalons une corrélation sémantique entre la célèbre affirmation de "la lettre du Voyant" : "Je est un autre !", et le fameux leitmotiv du parlé rasta : "I and I" * (prononcé aï and aï) utilisé pour dire "toi & moi ", (locution reprise par beaucoup, dont Dylan).

"Je est un autre" cela implique donc qu' un autre est "Je" tout autant.

Qui ne s'est pas étonné, la première fois qu'il a entendu ou lu l'expression "I and I"*, de cette deuxième personne, appelée de manière éponyme ? Ce deuxième "Je" qui est un autre dans le parlé rasta, (mais jusque chez Dylan et bien d'autres ensuite) .… "Je est un autre", c'est bien ce que disait Rimbaud, dès le départ, dans sa lettre dite "du voyant". D'ailleurs sans doute, la mère de Bob Marley fait littéralement référence à Rimbaud quand elle raconte en créole jamaïcain que son fils, qu'elle connaissait mieux que quiconque, "sometimes was a kinda voyant" (parfois il semblait être "voyant").

 

* "I and I" : Les extrêmes émotifs se rejoignent : individualisme à outrance, riposte de l'ex-esclave ; et/ou tentative de libération du poète hors de son ego étiquettable.
Ainsi, selon les cultures de par le monde "je" est soit systématique, soit inusité.
Explication : "je et je" ("I and I en anglais) se dit là pour "nous", puisque nous sommes deux autres… (En effet, pour mieux signifier la fraternité, et l'égalité, l'usage de "you" (=tu/vous) ou "we" (=nous) a été résolument écarté par certains Rastas, cela même dans l'affirmation de sa propre identité (toute relative, chez Rimbaud comme chez le Noir asservi…)
Par extension le 1 en chiffre grec de "Sélassié I" est devenu " I " (c'est-à-dire "moi", approche envisagée de la condition humaine, idéale, à son plus haut point ; cela en accomplissant superbement la formule de Rimbaud). C'est une illustration du "droit à la différence" sans rivalité ; comme c'est un signe de la quête de l'éternité, voire de l'Unité. ("Arthur-le-Fulfur" Crypt Ed.)
 

 

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digression N° 2 > Air Jamaïca Event

 

 

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