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" Les hommes et les femmes croyaient aux prophètes. Maintenant on croit à l'homme d'état. "
cf. * " Proses Evangéliques " A.Rimbaud

Dévaluation : il peut être dangereux de passer sous l'échelle des valeurs.

Dans les campagnes, on dit à propos du cochon " l'animal, il ne donne du bien que quand il est mort " (et l'on ajoute parfois " alors faut pas le pleurer ! " ).

Intuitivement, on sait bien, près de la nature, ce qui différencie l'humain.

Malheureusement, les bienfaiteurs de notre humanité ne se côtoient pas à tous les coins de rues ; et puis aussi : comment bien comprendre celui qui comprend plus que nous ? Celui qui résonne avec le coeur et l'esprit mêlés ... Par la grâce d'une empathie vulnérante.

" Jésus n'a rien pu dire à Samarie "cf. sub. cit.

Le mutisme s'impose dans la ville, tant l'âme fluctue en rapport avec la topographie. Rimbaud fut une sorte de terrien neurasthénique, tout autant qu'un arpenteur de la condition humaine.

 

Mais ce mépris des "indigènes" que l'on attribue parfois à Rimbaud adulte ne traduirait-il pas plutôt ce mépris ambiant du fait culturel, ce process devenu facilement exotique dans l'acculturation galopante.

Matérialisme oblige, aujourd'hui plus qu'hier, on projette sur le Fulgur' nos vicissitudes contemporaines.

Le poète est lui-même toujours l'indigène de quelqu'un d'autre, qui, lui, ne serait pas "dans la lune", qui ignorerait "wonderland".

Alors, faut-il voir ici une dérision latente que le poète cristalliserait à rebours ?

"Rimbaud-le-lettré chez les sauvages" : voila une image d'Epinal facilement distribuable, sans droit de réponse autorisé. Puis, s'enchaîne l'attitude connexe : "méprisons les mépriseurs", avec bonne conscience donc. La ruse est classique, et perverse : flatterie pour mieux conspuer sans avoir l'air d'y toucher. Non, on ne prend pas impunément à rebrousse-poil les tenants révérencieux du prosaïsme ...

Arthur : jeune irrévérencieux, ou vieux combinard, dans un cas comme dans l'autre ils trouveront raison de faire passer l'inclassable phénomène sous les fourches caudines rationalistes ...

Le fait que le jeune rebelle, une fois déporté volontaire se soit servi de sa plume dix ans durant pour tenir sa comptabilité ou décrire ses tracas ménagers à sa famille, arrange bien les dévots actuels de la calculette, qui se sentiront moins dépaysés dans cette lecture triviale que dans celle des " Illuminations " ...

Comme aujourd'hui dans tout cyber-monde qui se respecte, le cryptage s'est fait en remplaçant des lettres par des chiffres ; là est toujours l'art du camouflage.

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 digression N° 3 > l'enfer des chiffres

 

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© L.R.2001 Félix Goudart