" Comprenez-moi. Je me méfie du bonheur. Surtout catégorie moyen médiocre. Parce qu'il est arrêt et symétrie. Patatras de la satisfaction de soi. Statu quo et rien après. Je préfère ceux qui risquent. Pari et déséquilibre : la marche vers. Et à ce titre, j'aime la fulgurance.
Elle est un état permanent de notre temps. J'y crois. Parce que la fulgurance peut devenir une version précaire de la sagesse. Tout le mystère des êtres consiste à les aimer. "
Jean Vautrin

 

   
 

PRESENTATION :

SA VIE

 
       
 

 

   Arthur Rimbaud fut découvert par son professeur, à Charleville où il est né en 1854.

Monsieur Izambard comprit que Rimbaud Arthur était bien davantage qu'un bon élève, et il l'encouragea à écrire grâce à son enthousiasme ce qui sera publié plus tard sous le titre des "Essais Poétiques".

Dès 16 ans, il verra certains de ses vers (latins) retranscrits dans des publications locales.

Mais Arthur est un rebelle depuis l'enfance, et dans la société moderne il ne voit que des motifs de fureur ou de mépris.

Après la déclaration de guerre à la Prusse (qui sera par chez lui la cause de la fermeture des classes) tout va aller très vite. Au lieu de pouvoir se présenter au baccalauréat, il vend ses livres de prix (il obtint de nombreux prix dans son collège ...) et tente de rejoindre Paris. Mais à l'arrivée, il est mis en prison, faute d'avoir payer son billet de train (à cause des évènements, le trajet avait été rallongé). Libéré par Izambard, notre marcheur infatigable passe par Douai, la Belgique, avant de rentrer à Charleville.

Il retourne rapidement quinze jours à Paris. La révolte est à son comble : c'est la Commune Insurrectionnelle.Un grand chahut (brave), bien sympatique aux yeux du potache, comparé à la rigueur cadencée des Prussiens ... (Graves !)

Il ne peut rester, faute d'argent, mais brûle déjà de faire publier ses vers dans la capitale.

Et en septembre 1871, Verlaine, qui a bien reçu ses écrits, l'invite.

Fréquentant le milieu parisien, Rimbaud fait sensation. Il choque par la grossièreté de ses manières provinciales, son anticonformisme, et par la puissance de son imagination visionnaire.

Il revendique le statut de poète dont il redéfinit la vocation. "Je dis qu'il faut être voyant, se faire voyant. Le poète se fait voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens. Toutes les formes d'amour, de souffrance, de folie ; il cherche lui-même, il épuise en lui tous les poisons, pour n'en garder que les quintessences" écrit-il en 1871.

 

En 1872 il repart, Verlaine le suit. En Belgique et en Angleterre ces deux-là vont faire la route en mettant en pratique le programme prolifique énoncé auparavant. C'est le délire, l'alcool et le cannabis, la débauche et le vagabondage. Mais aussi, toujours, l'écriture prolixe des deux érudits. Rimbaud rentre seul, quelques mois à Roche (près de Vouziers), dans sa famille pour écrire ... (pénible ascétisme pour cet ermitage).

L'aventure se termine lorsque Verlaine, qui a prétexté une maladie pour faire revenir le jeune poète, le blesse au poignet d'une balle de revolver, à Bruxelles.

Après ces deux coups de feu, (toute homophobie mise à part), Arthur a fait arrêter Paul Verlaine, qui, malgré le rapide retrait des poursuites judiciaires, sera quand même condamné à deux ans de prison (probablement aussi un peu à cause de la présomption d'homosexualité du particulier).

 

En arrivant à Paris, Arthur venait de terminer un long poème intitulé Le Bateau Ivre, au terme de ces tribulations, il achève le recueil Une Saison en Enfer où il relate ses remords, son adieu à la révolte, aux hallucinations, et même à la poésie ... en 1873. Quelques proches seulement ont reçu un exemplaire de cette confession dont le tirage, impayé, est resté chez l'imprimeur.

 

Désormais Arthur Rimbaud est en quête de l'Idéal. Il recherche la Pureté, il salue la Beauté, il subodore l'Éternité. Rationnelle ou mystique, il a conquis une certitude. Lui qui prétendait ne plus savoir parler, il se refait un équilibre dans son travail, s'accomplissant dans le silencieux héroïsme des tâches quotidiennes.

Et il fait paraître Les Illuminations, prose poétique mise au net à Londres, où il est retourné. Ces poèmes, sans marquer un retour vers les dangers du paranormal et de l'absolu, marquent sa détermination à rester "Voyant". Il ne se renie pas puisqu'il persiste et signe cette compilation de textes inédits. "Je fixais des vertiges" écrit-il.

 

Si son esprit est tourné vers cette "Ame Universelle" chérie, son corps est à louer : en 1875, il s'engage dans l'armée hollandaise pour gagner Java, où il déserte à peine arrivé. Revenu en Europe (Autriche, Allemagne) il poursuit par Chypre. À partir de 1880, il s'établit finalement en Afrique en gérant un comptoir commercial. Il parfait sa connaissance des langues (il en pratique une dizaine notamment dans son travail, mais peut aussi lire les textes sacrés), il étudie la géographie, la photographie, l'astronomie etc. Tantôt à Harar, en Abyssinie, tantôt à Aden, en Arabie ... Il a cessé d'écrire de la poésie. À cheval, il faut vingt jours pour le rejoindre à l'autre bout du désert.

 

Ainsi dix ans durant, il sera voyant mais invisible ... Tandis que Verlaine fait paraître avec un certain succès les poèmes rimbaldiens dont il dispose ... Explorateur ultime, explorateur intime, Rimbaud s'en soucie le moins du monde, trop occupé à se consacrer à ses travaux de défrichage géographique et historique (certains comptes-rendus furent d'ailleurs publiés).

Chevauchées fantastiques, épreuves gratuites ...

Ses affaires là-bas marchaient plutôt bien, mais une tumeur à la jambe lui fait rejoindre la France en catastrophe (organisée, par ses soins, malgré tout). Amputé à Marseille, il continuera prétendument son travail dans son lit quelques jours ... Mais cet itinérant (il a même trouvé la force délirante de faire un dernier aller-retour express à Charleville en train) s'éteindra donc en 1891, usé prématurément par la chaleur, les efforts, l'incompréhension et la maladie.

(Le Fulgur' avait écrit dans une lettre : "Une année ici en vaut cinq ailleurs. On vieillit très vite, ici, comme dans tout le Soudan").

Il reste le mythe d'un poète sans concessions, le génie d'un aventurier voyant. De précurseur (on lui doit l'invention du vers libre) il est devenu archétype.

Inventeur volontaire d'un langage nouveau, celui qui se mit en péril par poésie, laissera une marque indélébile chez tous ceux qui seront séduits par la magie des rythmes et des sonorités, des images et des musiques, inhérentes aux mots.

 

 

" Cette oeuvre, qui a révolutionné la poésie,

mérite de demeurer en vigie sur notre route "

(dira André Breton)

 

Pr Fox

 
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